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25 juillet 2010 7 25 /07 /juillet /2010 08:51

bénitier-Bourges

Il y a quelques semaines, j’évoquais ici l’existence dans certaines églises du Cher de bénitiers médiévaux en fonte de fer. Plusieurs lecteurs ayant manifesté un certain intérêt pour ce mobilier ecclésiastique spécifique, et constatant les difficultés qu’on rencontre sur le terrain lorsque l’on cherche à pénétrer dans la plupart des églises situées en zone rurale, il m’a paru utile de vous signaler la présence d’un de ces objets dans un lieu totalement ouvert au public.
La cathédrale Saint-Étienne de Bourges possède l’une de ces pièces rares. Disposé à l’entrée ouest gauche de la cathédrale, près du bureau d’accueil des visiteurs, ce bénitier, placé dans un angle mal éclairé, attire peu l’attention. Sa cuve est renforcée par une cuvette de zinc, qui en facilite l’entretien, mais qui lui donne un aspect moderne peu attirant pour l’amateur de vieilles pierres.
Je n’ai pas trouvé de bibliographie particulière lui étant consacré, aussi ne me permettrai-je pas de proposer une datation, mais la technique de fonte employée pour sa réalisation rappelle celle du bénitier de Lugny. Celui de Bourges n’est pas dédicacé, mais le donateur a fait figurer son blason, sur lequel une fleur de lys est bien visible, et qui doit être lisible par un spécialiste en héraldique.

bénitier-bourges-détail
Cet objet occupe donc une position idéale pour permettre à tous de découvrir cette curiosité que sont ces produits des fonderies médiévales, une lampe de poche étant plus que vivement recommandée pour en apprécier toute l’originalité.

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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 09:24

Lugny-benitier

 

Chers lectrices et lecteurs, de tous les horizons que vous soyez, ce blog est écrit pour vous. Comme certains m’en ont fait le reproche, je ne suis pas de plan éditorial bien précis. Le sujet que j’explore est si immense qu’il n’y a pas de semaine où une nouvelle opportunité de rédiger un billet ne se présente. C’est précisément ce qui s’est produit hier. Étant présent à Bourges pour des tâches administratives annoncées de longue date, j’ai profité du soleil pour aller m’informer sur le cas d’un des plus anciens bénitiers en fonte de fer du Berry. Daté par les spécialistes de la fin du XVe siècle, son existence avait provoqué mon intérêt et je décidai de franchir les quelques kilomètres qui me séparaient de l’objet pour tenter de le photographier.
Plusieurs possibilités se présentent en de pareilles circonstances. En général, les églises sont closes, et on repart bredouille. Parfois, l’église est ouverte, et on a un libre accès à ce qu’on souhaite observer. Rarement, le sanctuaire est fermé, mais un paroissien bénévole, ou une association de pays, a laissé ses coordonnées pour permettre les visites.
Je découvrais cet après-midi là une quatrième solution, inouïe au sens littéral du terme: la porte claquée au nez. Me voici arrivé devant l’église de Lugny-Champagne, à une trentaine de kilomètres à l’est de Bourges. Je me heurte à une porte fermée, mais une  gentille dame, de ces paroissiennes qui entretiennent fidèlement les lieux de culte ruraux, m’affirme disposer sur elle de la clé, mais m’annonce devoir demander au maire du lieu, présent par hasard à quelques mètres de là, l’autorisation de me laisser pénétrer dans l’édifice.
La fatigue et la chaleur aidant, je confesse ne pas avoir perçu le signal d’alerte lancé par la dame.
Je me suis fait recevoir comme on devait accueillir naguère les lépreux de passage: m. le maire, dont je n’ai pas perdu mon temps à retenir le nom, m’a proprement envoyé au diable. Traité comme un malpropre, j’ai appris que pour pénétrer  dans l’église de Lugny, il fallait  formuler une requête écrite à la mairie, qu’on avait jamais vu ça etc etc....
Monsieur le maire, même si j’imagine que vous ne lirez jamais ces lignes, sachez au moins qu’il n’est pas dans ma nature de me courber devant des gens comme vous pour pénétrer dans un lieu public, et, avant de traiter les historiens comme des chiens, pensez à vérifier la solidité de leur muselière. Vous avez considéré mes arguments avec mépris, j’ai de même fait litière de votre refus de me laisser accéder à une pièce rare de notre petit patrimoine.
J’ai quitté les lieux, fait juste en voiture le tour du pâté de maison et suis revenu. Comme c’était prévisible, la porte de l’église était...

Lugny-porte

ouverte, la petite dame s’occupant à l’intérieur. Devant un de vos administrés hilare, j’ai pris quelques photos du bénitier, sans dépasser le seuil de l’église, pour ne pas mettre la personne en difficulté.
En revenant dans mon Boischaut natal, je pensais à tous ces élus locaux qui m’ont accueilli à bras ouverts depuis presque un quart de siècle de recherches au service de la région, à ceux qui suivent mes conférences et qui adhèrent à ce blog. J’ai même revu poindre l’inimitable silhouette de Jean, Marie Dumontet, regretté maire de Vesdun qui récompensait tous les gens qui avaient aidé à la promotion culturelle de sa commune par le titre envié de “chevalier de saint-Guerlet”. Tout est une question d’élégance.
Pour revenir au sujet principal, voici les photos d’un objet dont je n’ai eu le loisir de mesurer ni la hauteur, ni le diamètre, qui semble être un des plus anciens bénitiers berrichons coulé en fonte de fer à la fin du XVe siècle. Son diamètre extérieur porte deux décors en bandeau portant une légende, peut-être une dédicace. Un autre modèle contemporain existe à la Chapelle-Hugon, vers Sancoins, et fera, je l’espère, le sujet d’un billet à venir. D’autres bénitiers de fonte plus récents peuvent être observés dans différents villages du département du Cher, comme c’est le cas, par exemple, à Saint-Baudel, entre Mareuil et Châteauneuf-sur-Cher.
Ces produits de forge rappellent que le Berry fut, depuis l’époque des Bituriges, un haut lieu de production sidérurgique en France et que des mines et carrières de fer ont été exploitées dans toute la partie sédimentaire de son territoire. Dommage qu’il faille parfois affronter des situations ubuesques pour les admirer!

 

Lugny-benitier1-

 

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 19:32

Lurcy-anes1

Les visiteurs fidèles de ce blog voudront bien excuser le relâchement dont fait preuve son auteur depuis quelques temps. Tiraillé entre les tâches administratives dévolues aux enseignants en cette période d’examens et de conseils de classe, et l’appel irrésistible de l’humus de mon potager, je manque du temps nécessaire pour aller sur le terrain recherche de nouveaux thèmes d’articles sur le patrimoine historique du Berry.
C’est pour ces raisons que je me contenterai aujourd’hui d’un simple survol du curieux bestiaire sculpté sur les chapiteaux intérieurs d’une jolie église bourbonnaise au centre de la petite ville de Lurçy-Lévis, dans le département de l’Allier.
Ce sanctuaire contient, curieusement, des représentations d’animaux assez rarement représentés dans l’art roman régional mais qui appartenaient à la faune locale à l’époque de l’édification de l’église. 
Commençons par un des hôtes les plus emblématiques des grands massifs forestiers qui bordent le canton de Lurçy, le cerf. Très facile à identifier, il est une des très rares représentation de cet animal observable dans les régions du Centre.

Lurcy-cerf


L’animal suivant a aujourd’hui disparu, éradiqué par la chasse, de nos campagnes, mais était un des concurrents de l’homme lorsque l’église a été bâtie. Cette silhouette de loup est aussi une des rares évocations locales d’un prédateur dont les derniers représentants ont succombé aux tirs des chasseurs vers 1914.

Lurcy-loup


Moins certaine est l’identification d’un aigle, qui a lui aussi disparu de nos contrées, mais qui daigne encore apparaître quelquefois au dessus de nos cours d’eau en période de migration printanière.

Lurcy-aigle


Le dernier animal remarquable figuré par les bâtisseurs de l’église de Lurçy est l’âne, vieux compagnon des populations régionales, traité sous la curieuse forme de deux individus embrassés. Sur le même chapiteau, deux sujets sont affrontés. Hormis les représentations d’animaux musiciens assez courantes dans l’expression artistique médiévale, l’âne est souvent associé au Christ. Les sculptures de Lurçy-Lévis figurant cet animal dans des attitudes échappant à ces standards se distinguent particulièrement.

Lurcy-anes2


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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 09:57

 

Teillet-nef

 

Vous le savez, l’état du patrimoine religieux médiéval est très variable d’un endroit à l’autre et, si on prend plaisir à visiter des monuments soigneusement restaurés et entretenus, on ne doit pas se désintéresser de ces petites chapelles de campagne maltraitées par le temps et en un si mauvais état que les municipalités qui les possèdent ne disposent pas des budgets nécessaires pour en assurer la rénovation. Elles ne peuvent rivaliser avec leurs voisines prestigieuses, on s’y attarde rarement, nous avons trouvé l’une d’elles au sud de Montluçon, dans le bourg de Teillet-Argenty, et c’est sur elle que nous allons nous pencher aujourd’hui.

Teillet-Argenty,  c’est avant tout les vestiges d’une grande motte castrale parfaitement visible au centre du village. Aplanie à son sommet et amputée d’une partie de sa masse, elle laisse entrevoir l’importance des terrassements initiaux qui soutenaient la tour de bois bâtie à son sommet.

 

Teillet

A quelques dizaines de mètres de cette défense se trouvent les ruines de l’église Saint-Blaise qui s’élèvent à l’emplacement probable de l’ancienne chapelle castrale des premiers chevaliers ayant occupé le site. 

Au premier contact, l’édifice apparaît en mauvais état. La façade, dont le tympan a disparu, ne présente aucun trait remarquable, mais ne paraît pas menacée. La nef, en revanche, est complètement éventrée par un effondrement de ses voûtes qui n’a épargné que l’entrée du sanctuaire, reconvertie en étable, et le chevet, provisoirement stabilisé par des étais. Une brève intrusion dans la partie encore en place du chevet laisse entrevoir des traces de polychromie sur les plafonds -une fresque y aurait été déposée puis vendue- et confirme la destination agricole des aménagements intérieurs postérieurs à la vente de l’église au titre des biens nationaux. Dans cette partie du sanctuaire demeurent quelques belles traces d’architecture, dont il existe sans doute des milliers identiques un peu partout en France, mais qui semblent dans un état de conservation satisfaisant, ce qui donne un espoir de voir un jour l’église de Teillet attirer quelques crédits pour sa conservation.

 

Teillet-fenêtres

Celle ci n’est pas à l’abandon. Un panneau explicatif renseigne les visiteurs qui remarquent sa présence en traversant le village. Je ne peux inciter les curieux du patrimoine régional à faire le déplacement exprès pour la découvrir, mais l’église de Teillet-Argenty mérite un arrêt sur cette route entre le Bourbonnais et la Creuse, non loin des grandes collégiales d’Evaux et de Chambon, dont elle peut parfaitement compléter la visite.

 

Teillet-linteau

 

 

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 09:35

-Saint-Jeanvrin-ouverture

 

 

Le bourg de Saint-Jeanvrin, dans le sud du département du Cher, semble chargé d’une atmosphère particulière qui me pousse à en recommander vivement la visite. Petit village situé au pied d’un relief ayant, il y a plus de 40.000 ans, vu se développer des ateliers de taille de silex néandertaliens, le site est jusqu’à ce jour préservé de l’anarchie pavillonnaire qui ruine l’esthétique générale d’un lieu et recèle deux vestiges médiévaux qui méritent absolument le détour. Les ruines de son château-fort, soulignées par la présence d’un étang, qui rappellent l’occupation féodale dans cette localité depuis au moins la fin du XIIe siècle, et une petite église romane d’une composition générale très équilibrée et qui conserve un surprenant patrimoine médiéval et moderne.

 

-Saint-Jeanvrin-château

L’église, construite avec un calcaire fin, est marquée par l’influence romane poitevine. Des extérieurs envahis de détails sculpturaux annoncent les monuments que l’on rencontre plus à l’ouest de notre région. L’intérieur est conforme à l’impression générale que dégage le premier contact avec le monument, avec des chapiteaux historiés et une belle cuve baptismale de facture d’apparence primitive. Jusque là, un beau sanctuaire, justifiant à lui seul un détour par Saint-Jeanvrin, village quelque peu à l’écart des circuits touristiques ordinaires.

 

-Saint-Jeanvrin-vitrail-1

Cet isolement relatif n’a pas découragé les artistes de la Renaissance de répondre à l’invitation des châtelains locaux, nés de cette noblesse qui manie désormais plus le mousquet que l’épée, à venir embellir, en le modifiant légèrement, ce sanctuaire. Les ouvertures romanes de l’abside sont retaillées pour laisser entrer plus de lumière, et sont garnies de vitraux d’une qualité surprenante pour un édifice d’aspect extérieur si modeste. Aux vitriers s’adjoignent les peintres, qui ornent les anciens murs de fresques exprimant des sujets héraldiques et bibliques. Outre la peinture des armes de la famille occupant la forteresse voisine peintes selon le goût du temps, une scène de crucifixion traitant une partie des acteurs, dont le Christ, avec des figures noires, attire particulièrement l’attention. L’art des peintres s’exprime aussi sur un beau retable, préservé dans une vitrine, mais difficile à photographier. 

 

-Saint-Jeanvrin-fresque

La sculpture, enfin, n’est pas en reste grâce à un enfeu d’une taille et d’une ornementation exceptionnelles qui accueillait un très probable gisant d’un des bienfaiteurs de l’église, aujourd’hui disparu, ce qui nous prive d’un ensemble capable de rivaliser avec certaines tombes visibles dans des contextes économiques et urbains beaucoup plus favorisés que ce petit terroir du Boischaut du Sud.

 

-Saint-Jeanvrin-enfeu

L’église de Saint-Jeanvrin, comme c’est le cas pour d’autres édifices cultuels régionaux, outre sa fonction paroissiale, servit de chapelle privée aux dépositaires locaux de l’autorité seigneuriale. La richesse des aménagements que les seigneurs du cru y firent réaliser, et leur excellent état de conservation, méritent vraiment le détour.

 

-Saint-Jeanvrin-vitrail-2


Je profite de ce passage par Saint-Jeanvrin pour pointer un détail curieux qui ravira les amateurs de phénomènes astronomiques, et qui prolonge d’une certaine manière l’article que j’avais consacré aux éclipses de soleil visibles du Berry dans les temps médiévaux. L’artiste qui a peint la crucifixion du mur de la nef a ajouté un détail très précis à sa composition: à droite  au dessus du Christ en croix se trouve une magnifique représentation d’une éclipse partielle fidèlement reproduite -l’ombre de la lune est correctement placée par rapport au diamètre du disque solaire- qui montre que l’artiste qui a réalisé cette scène avait certainement des souvenirs personnels, proches ou anciens, d’une éclipse, quand il est venu travailler dans l’église de Saint-Jeanvrin. Il s’agit là d’un des plus beaux soleils noirs -y a t-il un rapport avec la couleur de peau des personnages?- de l’Art régional.

-Saint-Jeanvrin-eclipse

 

 

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 08:35

grattages

Saint-Plaisir (03)

 

 

Il y a plusieurs mois, nous évoquions dans ces pages une pratique dont les origines demeurent énigmatiques: sur de nombreux édifices religieux périphériques du massif de Tronçais s’observent des stigmates de grattages si étendus et profonds qu’ils ont changé l’aspect extérieur de plusieurs monuments.

Profitant des possibilités d’interactivité rendues disponibles par les fonctions de ce blog, je sollicite l’aide des lecteurs fidèles ou simplement de passage dans cet espace pour essayer de mieux connaître l’étendu du phénomène. 

 

grattages-façade

Saint-Plaisir (03)


Voici les faits.

Un certain nombre d’églises situées dans la zone de contact entre les départements du Cher et de l’Allier présentent, sur les pierres de leurs murs extérieurs (façades, nefs ou chevets), des traces de grattages parfois très profondes. On observe une densité de marques très élevée sur les églises de Lurcy-Lévis, Ainay-le-Château, Couleuvre, Saint-Plaisir et Dun-surAuron. Des grattages, quoique plus discrets que dans les sites précédents, sont signalés dans de nombreuses églises de la région. La façade de l’ancienne abbaye de Puyferrand, près du Châtelet-en-Berry, ou les murs de l’église de Châteaumeillant, portent des marques similaires à celles relevées sur les lieux de culte du Bourbonnais. Il n'en existe pas, à ma connaissance, sur des ruines de bâtiments civils ou d'anciennes forteresses. Leur présence sur des sculptures de la fin du Moyen-âge ou post-médiévales donne une indication sur leur ancienneté.

Ces grattages demeurent une énigme. Nous avons balayé la thèse d’une destination fonctionnelle, comme celle de lieux d’affutage de lames de couteaux ou d’outils agricoles. Certaines pierres grattées sont en calcaire, une pierre trop tendre pour l’aiguisage, d’autres sont trop granuleuses pour espérer un résultat probant, certaines empreintes sont coniques, excluant une fonction utilitaire.

 

grattages-lurcy

Lurcy-Levis (03)


On s’orienterait donc plus volontiers vers une explication spirituelle d’une pratique dont la signification exacte nous échappe. Des pèlerins pourraient -le conditionnel est de rigueur- avoir cherché à se constituer des sortes de reliquaires personnels, ou de talismans, en prélevant à l’extérieur des églises citées de la poussière de roche.

Existait-il dans ces sanctuaires des reliques dont nous ne connaissons ni la nature ni l’identité qui auraient pu conduire des fidèles à chercher à s’ approprier le bénéfice de leur pouvoir?

C’est la thèse qui me semble, dans l’état de ce que j’observe, la plus recevable, mais j’aimerais avoir vos avis, spécialistes ou simples curieux du passé, pour m’aider à cerner l’étendue de cette pratique. Si vous avez relevé sur des églises proches de votre terroir ou simplement visitées au hasard d’une promenade, pourquoi pas à l’étranger?, de telles marques, je serais ravi de réunir vos expériences pour tenter de cerner un de ces micro-phénomènes qui interpellent l’attention de ces observateurs du passé que nous sommes tous.

 

grattages-lurcy-2

Lurcy-Levis (03)


En bas de cet article, la fonction “commentaires” vous permettra de faire profiter tous les autres lecteurs de vos témoignages.

 

 

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 16:41

 

Reugny1

 

Les automobiliste qui empruntent l’axe Saint-Amand-Montrond/Montluçon ne peuvent pas ne pas remarquer le curieux ensemble prieural de Reugny, à une quinzaine de kilomètres au nord de Montluçon, juste au bord de la route. Facile d’accès, bien entretenu, les vestiges du prieuré de Reugny méritent l’attention des amateurs de patrimoine médiéval. 

On remarque tout d’abord sur place l’ancienne chapelle du prieuré, de forme trapue, peu ornementée, d’un modèle similaire à l’église d’Audes ou à l’ancienne abbatiale cistercienne de Bussière. Éventrée au Nord pour laisser passer des charrettes au moment où les bâtiments abritaient une exploitation agricole, il ne demeure à l’intérieur comme seul matériel liturgique qu’un petit autel de pierre.

 

Reugny3

Plus insolite, et plus récent se dresse le logis fortifié du prieur, sorte de donjon miniature entouré par les restes d’un rempart renforcé par des tours équipées de meurtrières destinées à l’emploi d’armes à feu. Le tout semble dater de la fin du Moyen-âge. L’hôtel du prieur ne montre pas de traces de dispositif défensif particulier, mais l’aspect massif du bâtiment laisse peu de doutes sur sa vocation à la fois résidentielle et militaire. L’ensemble, curieusement, ressemble au donjon d’Huriel, plus ancien et surtout beaucoup plus grand, qui a certainement inspiré les choix architecturaux des moines de Reugny.

 

Reugny2

Un bâtiment à vocation agricole et une cave voûtée sont de facture plus moderne.

Le grand vide documentaire qui affecte toute la région jusqu’au retour des moines de Saint-Denis-en-France dans leur terre de la Chapelaude vers 1060 ne permet pas de reconstituer l’histoire ancienne du prieuré de Reugny. Celui ci est clairement cité par un acte du cartulaire de la Chapelaude, daté des années 1135, mais son prieur n’est jamais appelé comme témoin dans les actes refondateurs de la Chapelaude. Ceci n’est pas une preuve de l’absence de cet établissement dans le paysage religieux régional avant 1100, mais n’aide pas à préciser la date de sa fondation. 

Il est pourtant permis d’ébaucher quelques hypothèses sur les origines du prieuré de Reugny. Dépendant de l’abbaye bénédictine de Saint-Cyran, dans la Brenne, à près de 140 kilomètres de distance, Reugny n’est pas la seule possession de la vieille abbaye berrichonne. Vitray, Saint-Caprais, Givarlais et Chateloy, près d’Hérisson constituent avec Reugny un ensemble géographiquement homogène, relevant du temporel de Saint-Cyran. Cette abbaye, fondée à l’époque mérovingienne, peut avoir possédé des terres dans la vallée du Cher depuis une très haute époque, de la même manière que le fit l’abbaye de Saint-Denis. Il est possible, qu’à défaut d’une origine commune, les deux monastères bénédictins aient profité, à l’époque mérovingienne ou carolingienne, de la générosité d’un bienfaiteur commun qui se serait séparé au profit de moines de différentes origines d’un immense domaine, séparé en plusieurs lots, dans la périphérie de Montluçon.

Notons que, longtemps en ruine, les vestiges médiévaux de Reugny ont été mis hors d’eau il y a une vingtaine d’années et que, même s’ils mériteraient une restauration plus complète, leur état est stabilisé et permet leur visite en toute sécurité.

 

 

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 15:29

 

Pouzy2

 

Autant je suis bon public pour la profusion ornementale de certains monuments romans comme ces églises du Poitou ou de la Saintonge dont on se prend parfois à fouiller les façades à la jumelle en quête d’un subtil détail, autant l’extrême dépouillement de certaines chapelles de campagne invite aussi à prendre son temps pour en explorer tous les recoins.

C’est un peu le hasard qui m’a conduit à Pouzy-Mésangy, petite commune du bocage Bourbonnais, très à l’écart des grands axes de migration touristique, alors que je venais d’échouer dans mon projet d’aller photographier une plate-tombe chevaleresque du XVIe dans une église des environs, fermée à la visite.

Contre toute attente, la chapelle de Pouzy, elle, était ouverte, et m’a donné l’occasion de découvrir un ensemble de chapiteaux intérieurs d’une rare homogénéité, dont la palette graphique se concentre sur des thèmes presque exclusivement géométriques, à l’exception de ce chapiteau du chœur figurant trois personnages se tenant par la main, donné ici en illustration.

 

Pouzy-général

L’extérieur du sanctuaire, pour sa part, est vierge de toute sculpture, mais s’inscrit dans un ensemble monumental remarquable bien que très remanié. Ancienne chapelle castrale, l’église de Pouzy était primitivement située dans l’enceinte d’une grosse forteresse dont on remarque encore une partie des remparts et des anciens fossés, ce qui explique peut-être la sobriété de son décors.

Le visiteur qui choisirait de venir faire une escale près de ce curieux monument pensera à se munir d’une lampe de poche, l’édifice étant par sa nature même mal éclairé.

 

Pouzy1

 

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 20:26
st-silvain-gisant
Petit chef-d’œuvre méconnu de la sculpture religieuse de la fin du Moyen-âge, le mausolée-reliquaire de saint-Silvain, visible dans l’église romane de la Celle-Bruère, est un ensemble majeur de la sculpture sacrée en Berry. Façonné dans un calcaire très fin ressemblant à la pierre de Charly, le mausolée est composé d’un gisant, d’une cuve funéraire monolithe ornée sur ses quatre faces de scènes évoquant la vie du saint. Il est réputé encore contenir une relique de saint Silvain, ou saint Sylvain, soustraite aux restes du saint conservés par les chanoines de Levroux, dans l’Indre vers le milieu du XVe siècle. Ce monument, primitivement sculpté pour être déposé sous les voûtes de la chapelle Saint-Sylvain de la Celle, fut transporté dans le transept nord de l’église de La Celle.
st-silvain-personnageContemplant la chapelle et le mausolée qu’elle contenait primitivement, on mesure l’importance que prit pour les habitants de la région la translation de la relique de saint-Sylvain, censée guérir d’affections cutanées très invalidantes, sans qu’on puisse vraiment expliquer pourquoi on choisit à l’époque de fonder une chapelle dans un lieu inhabité alors que plusieurs villages, dont Meillant, La Celle, et Bruère-Allichamps disposaient de sanctuaires assez vastes pour accueillir la dévotion des fidèles. La question de l’utilité de ce culte à cet endroit précis se pose aussi. Saint Sylvain étant un de ces saints thaumaturges à “spectre étroit”, il est possible que cette fondation soit l’indice de l’existence d’un foyer d’infection localisé et permanent qui aurait mérité le seul traitement adapté que l’époque ait eu à proposer, dans l’adoration d’une relique importée de Levroux. Ce pèlerinage autour des restes miraculeux du saint semble avoir eu un succès limité dans le temps. La chapelle fût délaissée et le mausolée rapproché du centre du village de La Celle. Ceci peut être le signe d’un affaiblissement du réservoir viral dans lequel le mal saint-Sylvain trouvait ses origines et que la diminution du nombre de cas infectieux ait conduit à la désertification du sanctuaire. Le reliquaire grandeur nature de saint-Sylvain mérite autant le détour que la somptueuse église qui l’abrite et me semble un complément indispensable, de même que le prieuré d’Allichamps, tout proche, à une visite du site cistercien de Noirlac.

st-silvain-procession 
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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 23:41

Urçay-général
Pour beaucoup de voyageurs passant de région Centre en Auvergne, elle est un peu la première sentinelle du Bourbonnais. Bâtie dans un grès qui affleure des escarpements dégagés par les eaux du Cher et en partie couverte de bardeaux taillés dans les troncs des arbres poussés au cœur des futaies du massif de Tronçais, l’église d’Urçay semble, dans sa simplicité, prédire le pays qui l’entoure. C’est aussi avec beaucoup de simplicité que ses amis vous accueillent pour la faire visiter, et vous parlent de leurs craintes de voir un jour ce monument être la proie de la ruine. Même si cet édifice est loin d’être le plus intéressant ou le plus beau des patrimoines régionaux, j’ai choisi d’apporter mon soutien à leur action en faisant connaître Urçay au plus grand nombre possible d’amateurs de vieilles pierres.

Curieuse petite ville que ce Urçay. Isolée de la grande route du Sud par le cours du Cher, adossée à l’immense vide humain que représentait la forêt de Tronçais depuis la fin de la présence romaine, cette minuscule cité qui garde la trace d’une ancienne enceinte défendue par des tours, n’avait pas beaucoup d’atouts pour fixer une population. Tout juste accessible par des voies secondaires, sa position sur les itinéraires des grands pèlerinages semble difficile à démontrer. 

Son église, pourtant, affiche des dimensions supérieures aux besoins de la population locale. Même si sa paroisse incluait le village de l’Etelon, à plusieurs kilomètres au nord du bourg, on peut se demander si les gens de ce hameau fréquentaient bien son sanctuaire, à cause de la distance entre les deux sites et surtout de la présence d’une chapelle à Changy, à quelques dizaines de minutes à pied de l’Etelon. 

Un détail a attiré mon attention lors de la visite qui m’a été proposée lors des dernières journées du Patrimoine. Il existait naguère un puits, aujourd’hui condamné, dans le presbytère accolé au sanctuaire, dédié à Saint-Martin. L’affirmation de la présence de murailles d’origine inconnues révélées par des travaux de voirie autour de l’église peut être un autre indice invitant à se rappeler que la région a connu à l’époque antique la présence de plusieurs sanctuaires des eaux, dont les plus célèbres sont Viljo, en forêt de Tronçais et bien sûr Drevant, en aval d’Urçay, auquel nous avons déjà accordé plusieurs articles sur ce blog.

Sachant que saint Martin fut l’un des évangélistes de la Gaule qui combattit le plus vigoureusement les cultes polythéistes et que de nombreuses fontaines portent son nom dans le secteur, il n’est pas impossible qu’à Urçay, comme à Drevant, se soit produit un glissement spirituel d’un sanctuaire antique vers un édifice chrétien, assurant la pérennité d’un pèlerinage aux origines largement antérieures à la christianisation du Berry. On remarque, sur les murs du portail, la présence de grattages profonds sur une pierre, comme si des individus avaient cherché à soustraire quelques parcelles à l’édifice, pratique courante dans la région qu’on interprète parfois comme le fait de pèlerins en quête de reliques.

urçay-portail 

Le visiteur saura oublier les épouvantables colmatages de lézardes au ciment gris et à la mousse expansée isolante qui balafrent le mur méridional de la nef pour s’arrêter devant un beau portail polylobé et un clocher clouté de bardeaux. L’intérieur surprend par la puissance des piliers, visiblement promis au soutien d’un gros clocher de pierre qui ne fut jamais érigé.

Merci aux amis de cette église qui m’ont donné envie de parler de ce lieu.
urçay-interieur 

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Fidèle aux principes de la laïcité, j'ai été accueilli par des associations, comités des fêtes et d'entreprise, mairies, pour des conférences publiques ou privées sur des sujets tels que:
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Merci de diffuser cette information à vos contacts!

Histoire locale

Pour compléter votre information sur le petit patrimoine berrichon, je vous recommande "le livre de Meslon",  Blog dédié à un lieu-dit d'une richesse assez exceptionnelle. Toute la diversité d'un terroir presque anonyme.
A retrouver dans la rubrique "liens": archéologie et histoire d'un lieu-dit

L'âne du Berry


Présent sur le sol berrichon depuis un millénaire, l'âne méritait qu'un blog soit consacré à son histoire et à son élevage. Retrouvez le à l'adresse suivante:

Histoire et cartes postales anciennes

paysan-ruthène

 

Cartes postales, photos anciennes ou plus modernes pour illustrer l'Histoire des terroirs:

 

Cartes postales et Histoire

NON aux éoliennes géantes

Le rédacteur de ce blog s'oppose résolument aux projets d'implantation d'éoliennes industrielles dans le paysage berrichon.
Argumentaire à retrouver sur le lien suivant:
le livre de Meslon: non à l'éolien industriel 

contacts avec l'auteur


J'observe depuis quelques mois la fâcheuse tendance qu'ont certains visiteurs à me contacter directement pour me poser des questions très précises, et à disparaître ensuite sans même un mot de remerciement. Désormais, ces demandes ne recevront plus de réponse privée. Ce blog est conçu pour apporter à un maximum de public des informations sur le Berry aux temps médiévaux. je prierai donc les personnes souhaitant disposer de renseignements sur le patrimoine ou l'histoire régionale à passer par la rubrique "commentaires" accessible au bas de chaque article, afin que tous puissent profiter des questions et des réponses.
Les demandes de renseignements sur mes activités annexes (conférences, contacts avec la presse, vente d'ânes Grand Noir du Berry...) seront donc les seules auxquelles je répondrai en privé.
Je profite de cette correction pour signaler qu'à l'exception des reproductions d'anciennes cartes postales, tombées dans le domaine public ou de quelques logos empruntés pour remercier certains médias de leur intérêt pour mes recherches, toutes les photos illustrant pages et articles ont été prises et retravaillées par mes soins et que tout emprunt pour illustrer un site ou un blog devra être au préalable justifié par une demande écrite.