Chacun sait l’importance des gisants dans l’art funéraire de l’époque médiévale à la période contemporaine. Ces statues, sculptées avec plus ou moins de finesse en fonction du matériau utilisé -je pense à un gisant conservé par le musée d’Aquitaine, à Bordeaux, réalisé dans un calcaire coquiller rugueux-figent l’image d’un personnage éminent, masculin ou féminin, noble, clerc ou bourgeois, pour la postérité.
Beaucoup de ces gisants ont disparu, ou ont été tellement mutilés qu’ils en sont devenus illisibles. Des nombreuses statues funéraires ornant l’abbatiale de l’abbaye cistercienne de Noirlac ne demeure aucun vestige.
C’est donc un document lapidaire rare qui peut être étudié dans l’espace muséographique attenant à l’abbaye clunisienne de Déols, aux portes de Châteauroux. Ce monastère, l’un des plus importants de l’ancien diocèse berrichon avec Saint-Sulpice de Bourges, a gravement souffert de destructions récurrentes au cours du passé et c’est ainsi que la chapelle où se trouvait le gisant a disparu du paysage urbain. Sa découverte fut, comme c’est parfois le cas dans d’autres sites religieux, le fruit du hasard.
La statue, de belle facture, a été façonnée au XIVe siècle dans un calcaire de qualité, comme l’ensemble des éléments sculptés retrouvés sur place. Elle représente un abbé anonyme priant, en tenue cérémonielle. Son visage, ses mains et sa crosse semblent avoir été martelés.
Ce gisant n’était sans doute pas le seul à orner l’intérieur de l’immense abbatiale de Déols et il se peut qu’un jour, au hasard de travaux, soient exhumés d’autres vestiges de même nature.
En attendant, il est possible d’un voir un autre, lui aussi remarquable, conservé au musée de l’hospice Saint-Roch d’Issoudun, non loin de Châteauroux.
© Olivier Trotignon 2023