Si le thème des danses macabres est propre à la production artistique de la fin du Moyen-âge, il semble, sans être spécialiste de la question, que le peintre qui a réalisé la fresque sur laquelle nous nous arrêtons aujourd’hui était un homme du XVIe siècle, si on se rapporte aux costumes portés par les gens représentés sur le mur de la petite église de Condé, près de Lignières-en-Berry, dans le Cher. Nous dépassons donc légèrement les repères chronologiques habituels des contenus de ce blog, mais le fait m’a paru assez singulier pour mériter d’en signaler l’existence aux amateurs d’œuvres anciennes.
La danse macabre de Condé n’est pas en bon état. La dégradation des pigments résulte d’un mauvais entretien général du bâtiment qui a longtemps pris l’eau. Nous sommes donc plus proches de l’interprétation que de la lecture.
Dans un grand cadre ocre sont représentés cinq silhouettes dont une curieuse représentation de la Mort frappant d’un long trait se finissant par deux barbelures un personnage qui semble féminin. Les trois autres figures ne sont pas assez précises pour être décrites. On remarque que deux portent des culottes bouffantes assez communes pour les hommes à la Renaissance et la dernière une aube ou un manteau. Quelle que soit la classe sociale exacte de chacun de ces individus, ils étaient l’image dans laquelle chaque membre de la société locale pouvait se reconnaître et méditer sur la fragilité de son existence.
Il faudrait demander l’aide des historiens modernistes pour proposer une explication à la présence de cette fresque insolite dans ce sanctuaire rural. On associe en général les danses macabres aux difficultés de vie à la fin du Moyen-âge, période où les guerres, les désordres climatiques, les épidémies de peste et les troubles sociaux ont déstabilisé nos régions. La vallée de l’Arnon a peut-être été frappée par une vague épidémique qui a rempli les cimetières et inspiré un artiste local.
Icône incomplètement squelettique, la Mort est traitée avec une certaine naïveté.
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