A première vue, le petit village de Saint-Céols, entre Bourges et Sancerre n’a rien qui puisse retenir l’attention d’un historien de la période médiévale et il m’est arrivé quelque fois de le traverser en jetant juste un œil, par réflexe, sur son église. C’est en me documentant sur la question des bénitiers médiévaux en fonte de fer que j’ai trouvé l’indication de l’existence d’une pièce de fonderie exceptionnelle conservée dans la petite chapelle paroissiale. Invité il y a quelques jours par l’Association Saint-Céolaise à présenter une conférence dans les chais du Domaine du Prieuré, j’ai pu profiter de l’occasion pour aller découvrir l’objet.
Ce bénitier de belles dimensions, environ 80 cms de diamètre pour un demi-mètre de hauteur est dans un bon état de conservation suite, me semble t-il, à une restauration rendue impérative par le peu de soin avec lequel on avait naguère traité la cuve, abandonnée aux intempéries. Son originalité consiste en la présence de trois pieds, vraisemblablement soudés, en forme de lions, qu’on ne trouve pas sur les autres bénitiers de même nature observables dans le secteur, soit qu’ils n’en ont jamais été munis, soit qu’ils en sont orphelins.
Une légende, en lettres gothiques, réhausse l’impression générale de grande qualité de la pièce, qui témoigne du dynamisme de l’activité métallurgique en Berry à la fin de la période médiévale.
Ceci n’a pas échappé aux spécialistes du sujet, au point que cette lourde cuve de fonte a été choisie pour être présentée, il y a quelques décennies, au public japonais, fin connaisseur en matière de travail des métaux.
Il m’est difficile de vous inviter à vous arrêter à Saint-Céols pour découvrir cette curiosité, l’ouverture de l’église étant aléatoire, ce qui est parfaitement compréhensible vue la faible population résidant dans le village. En revanche, les amateurs de bons vins noteront que les Menetou-Salon de Pierre Jacolin, voisin de l’église et propriétaire du domaine du Prieuré, méritent qu’on s’y attarde!