Comme chaque ville importante du Moyen-âge local, Bourbon-l’Archambaud possédait un hôpital des lépreux. Situé à faible distance au sud de l’ancienne cité, ce lieu, qui porte encore aujourd’hui le toponyme de Saint-Lazare était, comme beaucoup d’autres, à portée de vue du château.
Il reste sur place, à coté d’un joli corps de ferme qui semble dater du XVIe ou XVIIe, et qui remplace probablement une partie des structures médiévales, les ruines de l’ancienne chapelle hospitalière. N’ayant pu rencontrer sur place quiconque pour m’autoriser à entrer sur la parcelle, je me suis contenté de photographier le bâtiment du chemin et de la route mitoyens.
On distingue clairement deux étapes de construction, la partie la plus ancienne étant bâtie avec du gros appareil, alors que le reste de la nef l’est avec de simples moellons mélangés à des pierres de taille de récupération. Des contreforts étayent les murs et il semble qu’une partie de la voûte primitive est encore en place. La chapelle est dans un état de dégradation inquiétant, la toiture, complètement crevée, étant en voie d’effondrement. L’aménagement de l’entrée laisse supposer que le lieu a servi de grange ou d’étable jusqu’à une date récente.
Le propos de cet article n’est pas de larmoyer sur la disparition du patrimoine médiéval rural -les propriétaires sont souverains et pas forcement assez fortunés pour engager des opérations de mise hors péril de telles structures - mais plus de présenter un exemple d’à ce qu’a du ressembler nombre de petites maladreries avant leur totale disparition. La lèpre, entrée en Gaule avec les armées romaines, était endémique partout où une activité économique se manifestait et attirait des voyageurs. Bourbon, cité féodale puis ducale, ne pouvait échapper à ce fléau et a, comme ailleurs, vu s’élever non loin de ses remparts une léproserie pour accueillir ses malades, qui, loin d’être tous invalides, conservaient longtemps une activité artisanale ou agricole qui permettait à leur communauté de compléter ses revenus. La maison des ladres participait, avec ses moyens propres, à la vie économique tout autant que sanitaire des paroisses alentours.
© Olivier Trotignon 2011