Les Archives nationales et départementales ont pour mission la conservation des documents écrits et iconographiques datant du haut Moyen-âge jusqu'à’ la période contemporaine. Qu’ils soient rédigés sur du papyrus, du parchemin ou du papier, les textes médiévaux sont stockés dans des classeurs à l’abri de la lumière, à une température et une hydrométrie constantes. Ce soin apporté à leur archivage explique la très bonne tenue de rares traces textiles, en particulier les lacets, ou queues, sur lesquels étaient fixés les empreintes de cire scellant les actes les plus importants.
Victimes de leur fragilité, de la négligence de leurs propriétaires ou de collectionneurs indélicats, beaucoup de sceaux ont disparus. Ceux qui restent sont attachés aux feuilles de parchemin ou de papier par des bandelettes de parchemin ou des cordelettes de tissu. Aux Archives du Cher, nous trouvons aussi beaucoup de textes orphelins de leurs sceaux, mais qui ont conservé les queues qui maintenaient ceux-ci. Quelquefois taillées dans des documents obsolètes (on peut lire des petites séquences du texte d’origine), ces bandes de peau peuvent aussi l’être dans une feuille vierge. Dans de rares cas,comme celui présenté en illustration, le scribe a précisé quel sceau allait être appendu à l’acte.
Plus rares sont les cordelettes de tissu, en général accompagnant les parchemins émis par la chancellerie royale. Les deux couleurs principales observées sont le rouge et le vert, cette dernière teinte pouvant être seule. Outre le minutieux travail du cordier, ces lacets permettent de se documenter sur d’authentiques pigments médiévaux rares à observer sur des supports aussi fragiles que des tissus. Leur conservation à l’abri de la lumière a permis d’éviter aux couleurs de passer, comme c’est le cas pour des supports souvent exposés au jour, comme des vêtements, des habillages de châsse ou autres reliquaires.
La tresse photographiée ici date de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle. Il m’a semblé que sa simple existence, qui, en termes historiques, est d’un bien minime intérêt, pourrait compléter l’ information des artisans travaillant sur la reconstitution de textiles médiévaux.