ll y a peu d’intérêt à présenter ici la forteresse d’Ainay-le-Vieil. Ce haut lieu touristique de la vallée du Cher bénéficie d’une promotion qui me dispense de m’attarder sur son cas.
Il me semble par contre intéressant de m’arrêter un instant sur une curiosité, ce toponyme, Ainay-LE-VIEIL, qui est connu depuis la fin du XIIe siècle, comme le prouve un parchemin du chartrier de l’abbaye de Bussière consignant une donation concédée aux cistercienne par P(ierre) Bergat, très probable propriétaire de la forteresse de Meslon, sur la rive droite du Cher, vers 1189. Dans la liste des témoins de l’acte figure une curiosité, le nom d’une femme, Aupais, prévôte d’Ainay-le-Vieil (preposita dainaico veteri).
Il est exceptionnel de trouver à cette époque une féminisation de charge d’officier seigneurial, mais il est bien difficile de savoir s’il s’agit d’une charge réelle ou de la féminisation de la charge du mari de la dite Aupais, sous une forme de “femme du prévôt d’Ainay”.
On profite de l’occasion pour noter qu’en 1189 Ainay n’est pas un fief indépendant, mais très certainement une possession de la seigneurie de Charenton, qui domine tout ce secteur de la vallée. Ainay est probablement devenu seigneurie après l’éclatement, en 1250, de la grande seigneurie de Charenton-Montfaucon et son démembrement au profit de la noblesse locale.
On remarque enfin qu’Ainay est déjà “vieux” à la fin du XIIe siècle, à une époque où les seigneurs de Bourbon fortifient une de leurs vieilles possessions, située au nord du massif de Tronçais, qui n’était protégée que par une motte castrale. Dotée d’une enceinte garnie de tours et d’une grosse forteresse aujourd’hui complètement arasée, la ville d’Ainay devient une pièce maîtresse du glacis défensif protégeant le Bourbonnais septentrional. Si nous ne disposons, à cause des lacunes archivistiques, que de très peu d’éléments sur la chronologie de cette fondation, on peut soumettre l’hypothèse que dans l’esprit des contemporains ce nouvel Ainay ait relégué celui de la vallée du Cher à la qualité d’ancien, donc de “vieil”.