Ouvert exceptionnellement par son propriétaire lors des Journées du Patrimoine 2017, le château de Bommiers, dans l’Indre, est un lieu d’intérêt majeur pour qui s’intéresse au patrimoine militaire des pays du Centre. Cette immense ruine de plus de quatre hectares forme un ensemble beaucoup trop complexe pour être examinée dans un simple article, aussi nous contenterons nous d’observer l’élément particulier que forme la motte castrale primitive à l’origine de ce vaste ensemble fortifié.
La motte de Bommiers peut-être qualifiée de féodale. Contrairement à d’autres de ses homologues régionales, elle matérialisait le siège d’une des plus importantes seigneuries du diocèse berrichon. Assez éloignée du centre du bourg, la première résidence des seigneurs du lieu s’élève dans un environnement humide propice à l’alimentation permanente de ses fossés. Sa basse cour, distante de plusieurs dizaines de mètres, occupait peut-être toute la superficie de l’actuelle haute cour entourée de murailles postérieures, mais aucune fouille sérieuse ne permet d’étayer ou d’infirmer cette supposition.
Outre son volume qui fait d’elle un des plus gros ouvrages de terre des environs, la motte de Bommiers conserve la trace de plusieurs aménagements successifs souvent disparus ailleurs.A l’emplacement du donjon quadrangulaire primitif élevé par les premiers chevaliers de Bommiers a été bâti en moellons calcaire un second donjon, de section circulaire, dont la base est encore visible. Cette tour, de réalisation moins soignée que la chemise qui l’entoure, peut avoir été construite au cours des dernières décennies du XIIeme siècle.
Très impressionnante autant par sa taille que par l’élaboration de son plan interne, la chemise extérieure, encore en partie dissimulée sous le lierre, s’inscrit dans un vaste programme de fortification observé dans de nombreux châteaux et villes de la région. Flanquée de tours à plusieurs étages avec peut-être des salles basses, équipée de grandes archères, la chemise et son donjon forment alors un élément autonome pouvant tenir un siège même en cas de perte du reste de la forteresse.
Les archives régionales et extra-régionales nous livrent un certain nombre d’informations sur la famille qui possédait cette place forte, connue dès 1046 par un acte de l’abbaye bénédictine de Saint-Sulpice de Bourges. Mes dépouillements me permettent de la suivre régulièrement jusqu’au moins en 1269, date à laquelle se manifeste pour la dernière fois un Robert de Bommiers, héritier d’une longue tradition patronymique respectée depuis le milieu du XIème.
Entre temps, les Bommiers se dépouillent au profit de nombreux monastères, parfois très éloignés du cœur de leur fief : la Chapelle-d’Angillon, Orsan, Chezal-Benoît, Fontmorigny, Beauvoir, jusqu’à Bénévent, dans la Marche.
Leur influence grandit -ce qui est compatible avec l’importance de leur château- jusqu’à devenir seigneurs d’Huriel (1252) et Montfaucon (1254).
Les plus fidèles lecteurs de ce blog se souviendront peut-être d’un ancien article à la mémoire d’une dame de Bommiers, victime d’empoisonnement et partie quérir sa guérison auprès de médecins du Languedoc, au XIVème siècle.
L’ensemble fortifié de Bommiers, situé au lieu-dit « les Minimes », est une propriété privée dont les propriétaires ne souhaitent pas être importunés par des visites intempestives, en partie pour des questions de sécurité, ce qui se conçoit aisément. Je recommande de suivre les programmes des futures Journées du Patrimoine, qui devraient être l’occasion de découvrir la forteresse de manière encadrée et sécurisée.
© Olivier Trotignon 2017