Les personnes qui s’intéressent à l’histoire du Berry connaissent la part qu’occupe la personnalité du bienheureux Robert d’Arbrissel dans l’architecture spirituelle de la région au début du XIIe siècle.
Appelé par un des grand féodaux du Boischaut, Adalard Guillebaud, pour établir sur ses terres un monastère de son Ordre, l’ermite breton vint fonder le prieuré d’Orsan dans lequel il mourut lors d’un ultime voyage en Berry. Embaumé sur place dans l’attente de pouvoir ramener sa dépouille dans la maison-mère de sa communauté à Fontevraud, il demeura à Orsan le cœur du vieil homme, qui devint miraculeux quelques siècles plus tard.
S’il m’est arrivé assez souvent de parler de cette relique dans mes articles et mes conférences, je ne m’étais jamais vraiment posé la question de ce qui advint du corps de Robert, une fois revenu dans son monastère de la région de Saumur. Visitant Fontevraud avec, comme objectif principal de ramener des photos des quatre gisants royaux exposés dans l’abbatiale, c’est presque par hasard que j’ai pu prendre quelques clichés de la sépulture de dom Robert, comme nos paysans le désignaient sous l’Ancien régime, tant elle est simple et peu spectaculaire.
Au ras du sol, près du maître-autel est visible, sous une vitre, l’intérieur du sarcophage de Robert d’Arbrissel. Le sépulcre est vide et la pierre tombale disparue, aussi peu des visiteurs présents se sont attardés autour de ce petit tombeau guère différent de ces sarcophages anonymes que les archéologues relèvent parfois autour des édifices religieux.
Bien que d’un intérêt très réduit en regard des multiples œuvres qui se découvrent au fil de la visite de Fontevraud, la tombe de dom Robert peut être un bon élément de comparaison pour imaginer à quoi ont pu ressembler, à Orsan, les sépultures d’Adalard Guillebaud et de l’archevêque de Bourges Vulgrin, semble t-il l’une et l’autre très dépouillées, si on en croit quelques allusions dans différents textes faisant référence à leur existence.
Les siècles ont effacé à Orsan toute trace du sanctuaire primitif et seules les archives parlent encore de Robert d’Arbrissel et de ses commensaux berrichons. Flâner sous les voûtes de l’abbaye de Fontevraud peut être un bon moyen de se rapprocher, l’espace d’un instant, de cette période.
© Olivier Trotignon 2013