Petit chef-d’œuvre méconnu de la sculpture religieuse de la fin du Moyen-âge, le mausolée-reliquaire de saint-Silvain, visible dans l’église romane de la Celle-Bruère, est un ensemble majeur de la sculpture sacrée en Berry. Façonné dans un calcaire très fin ressemblant à la pierre de Charly, le mausolée est composé d’un gisant, d’une cuve funéraire monolithe ornée sur ses quatre faces de scènes évoquant la vie du saint. Il est réputé encore contenir une relique de saint Silvain, ou saint Sylvain, soustraite aux restes du saint conservés par les chanoines de Levroux, dans l’Indre vers le milieu du XVe siècle. Ce monument, primitivement sculpté pour être déposé sous les voûtes de la chapelle Saint-Sylvain de la Celle, fut transporté dans le transept nord de l’église de La Celle.
Contemplant la chapelle et le mausolée qu’elle contenait primitivement, on mesure l’importance que prit pour les habitants de la région la translation de la relique de saint-Sylvain, censée guérir d’affections cutanées très invalidantes, sans qu’on puisse vraiment expliquer pourquoi on choisit à l’époque de fonder une chapelle dans un lieu inhabité alors que plusieurs villages, dont Meillant, La Celle, et Bruère-Allichamps disposaient de sanctuaires assez vastes pour accueillir la dévotion des fidèles. La question de l’utilité de ce culte à cet endroit précis se pose aussi. Saint Sylvain étant un de ces saints thaumaturges à “spectre étroit”, il est possible que cette fondation soit l’indice de l’existence d’un foyer d’infection localisé et permanent qui aurait mérité le seul traitement adapté que l’époque ait eu à proposer, dans l’adoration d’une relique importée de Levroux. Ce pèlerinage autour des restes miraculeux du saint semble avoir eu un succès limité dans le temps. La chapelle fût délaissée et le mausolée rapproché du centre du village de La Celle. Ceci peut être le signe d’un affaiblissement du réservoir viral dans lequel le mal saint-Sylvain trouvait ses origines et que la diminution du nombre de cas infectieux ait conduit à la désertification du sanctuaire. Le reliquaire grandeur nature de saint-Sylvain mérite autant le détour que la somptueuse église qui l’abrite et me semble un complément indispensable, de même que le prieuré d’Allichamps, tout proche, à une visite du site cistercien de Noirlac.