Saint-Plaisir (03)
Il y a plusieurs mois, nous évoquions dans ces pages une pratique dont les origines demeurent énigmatiques: sur de nombreux édifices religieux périphériques du massif de Tronçais s’observent des stigmates de grattages si étendus et profonds qu’ils ont changé l’aspect extérieur de plusieurs monuments.
Profitant des possibilités d’interactivité rendues disponibles par les fonctions de ce blog, je sollicite l’aide des lecteurs fidèles ou simplement de passage dans cet espace pour essayer de mieux connaître l’étendu du phénomène.
Saint-Plaisir (03)
Voici les faits.
Un certain nombre d’églises situées dans la zone de contact entre les départements du Cher et de l’Allier présentent, sur les pierres de leurs murs extérieurs (façades, nefs ou chevets), des traces de grattages parfois très profondes. On observe une densité de marques très élevée sur les églises de Lurcy-Lévis, Ainay-le-Château, Couleuvre, Saint-Plaisir et Dun-surAuron. Des grattages, quoique plus discrets que dans les sites précédents, sont signalés dans de nombreuses églises de la région. La façade de l’ancienne abbaye de Puyferrand, près du Châtelet-en-Berry, ou les murs de l’église de Châteaumeillant, portent des marques similaires à celles relevées sur les lieux de culte du Bourbonnais. Il n'en existe pas, à ma connaissance, sur des ruines de bâtiments civils ou d'anciennes forteresses. Leur présence sur des sculptures de la fin du Moyen-âge ou post-médiévales donne une indication sur leur ancienneté.
Ces grattages demeurent une énigme. Nous avons balayé la thèse d’une destination fonctionnelle, comme celle de lieux d’affutage de lames de couteaux ou d’outils agricoles. Certaines pierres grattées sont en calcaire, une pierre trop tendre pour l’aiguisage, d’autres sont trop granuleuses pour espérer un résultat probant, certaines empreintes sont coniques, excluant une fonction utilitaire.
Lurcy-Levis (03)
On s’orienterait donc plus volontiers vers une explication spirituelle d’une pratique dont la signification exacte nous échappe. Des pèlerins pourraient -le conditionnel est de rigueur- avoir cherché à se constituer des sortes de reliquaires personnels, ou de talismans, en prélevant à l’extérieur des églises citées de la poussière de roche.
Existait-il dans ces sanctuaires des reliques dont nous ne connaissons ni la nature ni l’identité qui auraient pu conduire des fidèles à chercher à s’ approprier le bénéfice de leur pouvoir?
C’est la thèse qui me semble, dans l’état de ce que j’observe, la plus recevable, mais j’aimerais avoir vos avis, spécialistes ou simples curieux du passé, pour m’aider à cerner l’étendue de cette pratique. Si vous avez relevé sur des églises proches de votre terroir ou simplement visitées au hasard d’une promenade, pourquoi pas à l’étranger?, de telles marques, je serais ravi de réunir vos expériences pour tenter de cerner un de ces micro-phénomènes qui interpellent l’attention de ces observateurs du passé que nous sommes tous.
Lurcy-Levis (03)
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