Il est difficile, lorsqu’on visite la cathédrale de Bourges, d’imaginer son volume intérieur séparé en deux espaces, la nef et le chœur, par un haut mur de pierre ornementé de sculptures polychromes. C’est pourtant ainsi que les Berruyers et fidèles de passage ont vu pendant plusieurs siècles l’intérieur de cet édifice occupé par un jubé de grandes dimensions (18m de largeur sur presque 7m de hauteur, d’après les spécialistes de la question. Victime de dégradations à l’époque des Guerre de religion, cette construction est définitivement supprimée peu avant la Révolution, ses éléments sculpturaux dispersés ou enfouis.
Les amateurs d’Art sacré qui décident d’entreprendre une visite complète de la cathédrale peuvent avoir accès -libre pour les Journées du patrimoine et guidé le reste du temps- au niveau inférieur du sanctuaire, dit crypte de la cathédrale, dans lequel sont conservés, entre autres, quelques très beaux éléments de l’ancien jubé. J’ai choisi de m’arrêter sur un tout particulièrement bien traité par les artistes médiévaux, le chaudron infernal.
Bien qu’incomplète, cette scène d’une densité étouffante représente des âmes tourmentées par des diables dans un grand chaudron chauffé par un feu entretenu par des soufflets. Parmi les damnés, un évêque est reconnaissable à sa mitre. Non loin de là, une gueule zoomorphe elle aussi incandescente avale les silhouettes des pêcheurs, selon la même inspiration qui a animé à l’ époque les tailleurs de pierre de la collégiale de Levroux, dans l’Indre.
Certains parlent de la valeur pédagogique de ces scènes que les fidèles pouvaient contempler durant les offices dans la pénombre de la cathédrale. On imagine sans peine que ces images devaient être des auxiliaires précieuses à qui cherchait à rendre perceptibles par le plus grand nombre des concepts moraux selon la sensibilité du temps.